Le pianiste de Santiago
Le pianiste de Santiago
Blanche est sa tête, blanches sont les touches de son piano, noires sont les doigts qui sautillent inlassablement sur le clavier et composent de vieilles scies trentenaires, dans l’indifférence générale.
Rose est sa musique étouffée par le brouhaha des conversations, des bruits de fourchettes et des souffleries de la climatisation.
Bien grise est son heure de labeur quotidien. Il se lève, voûté, la tête enneigée de ses cheveux crépus, et se dirige, les mains derrière le dos, vers la cuisine. Puis, ses pas le mènent de nouveau vers son unique ami, la voix de sa douleur, sa peine d’être rien, effleuré, caressé de ses doigts pleins de notes tantôt suspendues, tantôt roulantes, tantôt vibrantes, mais ne parvenant jamais aux oreilles de ses destinataires, sourds et repus.
Et le pianiste joue sa musique inutile.
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