Les Bouquinales d'Hazebrouck
Salon du Livre d'Hazebrouck 1er avril 2012
SALON DU LIVRE D’HAZEBROUCK
Derrière chaque stand, il y a un auteur.
Il y a les auteurs modestes, au front baissé. Il y a les auteurs flamboyants, au geste large. Il y a les auteurs rebelles, aux sourcils froncés. Il y a les auteurs prolixes, à la langue bien pendue. Il y a les auteurs pédants, au nez retroussé. Il y a les auteurs pensifs, au regard fixe. Il y a les auteurs inspirés, plume à la main. Il y a les auteurs mercantiles, aux dents d’or. Il y a les auteurs prometteurs, aux dents longues. Il y a les auteurs déçus, aux yeux mouillés. Il y a les auteurs absents, aussi silencieux que leur ombre. Il y a les auteurs critiques et les critiques qui prennent de la hauteur.
Et il y a Eric Naulleau.
Je répondais avant-hier à mon voisin qui s’inquiétait de mon emploi du temps de ce W.E. Je lui répondais que je me rendais à Hazebrouck pour dédicacer mon ouvrage au salon du Livre, mais que j’étais surtout très heureux de rencontrer Eric Naulleau au cours d’un petit déjeuner et de faire sa connaissance.
- Eric Naulleau ? me demanda-t-il.
- Et bien oui, lui répondis-je, agacé de ne point voir apparaître dans son regard une lueur d’envie. Eric Naulleau, le journaliste polémiste irrévérencieux, très controversé car il ose dénoncer le réseau organisé entre certains grands éditeurs et les critiques littéraires payés pour s’auto-promouvoir.
Ses yeux s’arrondissent et j’y lis les profondeurs insondables d’un muet étonnement.
- Eh bien oui, quoi (j’étais décidé à lui river son clou). L’homme qui remet droites les idées tordues de nos contemporains ; l’homme qui d’une phrase assassine descend en plein vol l’écrivain pédant, fort de son dernier best-seller, tout surpris du trait inconvenant décoché par cet homme en apparence tranquille ; l’homme qui sait si bien calmer les ardeurs droitisantes de son confrère et néanmoins ami Eric Zemmour.
Eric Zemmour. A l’évocation de ce patronyme, l’œil de mon voisin s’allume enfin. Quelques scandaleux propos raniment ses mérangeoises.
- Ah oui ! Canal +, avec qui déjà ? L’homme en noir, très méchant.
Je renonce à éclaircir les ténèbres dans lesquelles évolue mon voisin spécialiste du zapping.
- Sans doute, mais moi je vous parle d’Eric Naulleau.
- Eric Naulleau ? répète-t-il, stupide. Connais pas.
Je n’en crois pas mes oreilles. Ce type est planté cinq heures par jour devant sa télé (moyenne nationale, dernier sondage ifop), mais que regarde-t-il ?
Je l’envisage, tout plein de haine. Mon heure de gloire à moi c’était ce petit-déjeuner.
Et il conclut, assassin à son tour :
- J’espère pour vous que les croissants seront chauds !
La prestation d’Eric Naulleau durant cette manifestation ne doit pas occulter le salon lui-même. Abrité par l’ancien couvent des Augustins, édifice datant de la Renaissance flamande, il s’est heureusement déroulé. Nathalie Quiring est partout. Elle affiche un lumineux sourire qui force les serrures des âmes les plus remparées. Elle accueille auteurs et éditeurs avec une joie communicative, les dirige, les conseille et les renseigne. Elle est l’artisan efficace de cette entreprise menée de bout en bout d’une main de maître, entourée d’une équipe brillante et dynamique. Le déjeuner du dimanche fut le point d’orgue de la journée. Tant la bière que le potelvesh, ses frites traditionnelles et la tarte à « gros bords » ont animé le cœur et les esprits.
Jacques MESSIANT
Mathieu LAUWERIER
Pour la petite histoire, Eric Naulleau m'a confié que Lalanne l'attendait à la sortie du studio. Il voulait prolonger le débat... avec ses poings !
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