Interview par Melissa CHALIGNE, La Voix du Nord
LE VISAGE DE L’ACTUALITÉ
Jean-François Zimmermann revient avec un nouveau roman, « De silence et d’ombre »
(Photo La Voix du Nord)
En 2011, le Marcquois publiait son premier roman, « L’apothicaire de la rue de Grenelle ». Aujourd’hui, il présente son nouvel opus, « De silence et d’ombre », l’histoire d’un jeune moine du Moyen Âge, assoiffé de connaissance, qui va se trouver partagé entre l’amour divin et l’amour terrestre. Le roman est déjà promis à un bel avenir.
– Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette époque si lointaine ?
« J’avais visité les abbayes cisterciennes provençales -Sénanque, Le Thoronet - en novembre 2007. J’avais été particulièrement frappé par ces édifices, leur dépouillement, la qualité de l’ouvrage, les belles lumières. Pour moi, cela n’avait pas grand-chose à voir avec la magnificence de la religion catholique telle qu’on la connaît. Tout était dirigé vers la réflexion. J’ai su alors que je voudrais écrire sur les cisterciens. Dans De silence et d’ombre, ils n’apparaissent qu’à la fin, mais Robert de Molesme, le précurseur de cet ordre, est présent pendant un tiers du roman. »
– Combien de temps met-on pour écrire un tel roman ?
« Il y a d’abord le travail de documentation pour connaître dans le détail la vie de l’époque. Je ne m’autorise aucun anachronisme, aucune liberté avec l’Histoire. Bien sûr, il faut parfois savoir se glisser dans les plis inexplorés de l’Histoire. Ainsi, lorsque je fais apparaître Abraham Duquesne, un grand officier de la marine de guerre, dans L’Apothicaire, je place cette rencontre durant une année où l’on ne sait rien de ce qu’a fait Duquesne. Et puis, il y a la barrière de la langue : on ne peut pas travailler dans la languedu Moyen Âge, on est obligé de faire des concessions. Mais j’ai injecté ici ou là des expressions. En tout, il y a eu deux ans de préparation, et un an d’écriture à proprement parler. »
– Votre premier roman se déroule au XVIIe siècle. Qu’est-ce qui vous attire dans le passé ?
« En écrivant L’Apothicaire (son premier roman publié, écrit après “De silence et d’ombre”), je me suis passionné pour le XVIIe siècle. Maintenant, je reste dans cetteépoque. Écrire sur le passé, malgré les contraintes, c’est rassurant. On est sur des rails, car l’Histoire est déjà écrite. Dans mes romans, elle crée des interactions et agit beaucoup sur la partie “fiction” du récit. Et les interrogations de l’époque sont intemporelles. »
– Vous vous êtes mis au roman tardivement. Pourtant vous écrivez depuis longtemps, non ?
« J’ai toujours écrit des nouvelles, des recueils de poésie, des collaborations pour des revues. J’ai été correspondant de presse pour le quotidien Ouest-France pendant plusieurs années. J’écrirai tant que je pourrai, j’ai tellement de projets, d’idées… Un livre en appelle un autre. »
– Justement, quels sont vos projets littéraires ?
« La suite de L’Apothicaire est en cours de correction, et je prépare un roman d’aventure maritime. J’ai écrit une biographie romancée d’un marin de Louis XIV, et un quatre mains avec Samuel Sadaune (spécialiste du Moyen Âge, qui préface “De silence et d’ombre”), pour nous amuser. L’histoire se déroule à la fin de la Renaissance. Comme nous avons deux styles d’écriture diamétralement opposés, nous avons cherché à mettre cette différence en valeur à travers l’histoire de frères jumeaux qui se ressemblent très peu. »
– Vous avez obtenu plusieurs prix. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
« J’ai été très sensible au Grand Prix des écrivains bretons. C’est le premier prix auquel je me suis présenté, et c’est une belle reconnaissance. Je participe à de nombreux salons, aux rencontres de la Société des gens de lettres. Cela permet de se situer et rassure. Et puis, il y a les retours encourageants des lecteurs, pour qui j’écris en premier lieu. »
« De Silence et d’ombre », Éd. LME, 22,50 €, 480 pages.
L'écrivain Marcquois présente son second roman, « De silence et d'ombre ».
En une semaine, le roman s’est écoulé à 1 000 exemplaires.
Les aventures de Thibaud, de 12 à 25 ans.
« Thibaud, paysan des Vosges, rencontre un ermite, en fait un moine défroqué. Mais le père de Thibaud tue ce maître à penser, dont il jalouse l’amitié pour son fils. Thibaud part alors avec des marchands ambulants. Titillé par son désir de connaissance, il frappe à la porte d’un monastère. » Le début d’une vie religieuse, qui le conduira à rejoindre le pape Urbain II. « Thibaud est naïf, curieux, avide d’apprendre, intelligent et beau. Et malgré tout cela il est très modeste. Il plaît, notamment aux femmes. Il va inconsciemment reproduire ce que son maître à penser lui a enseigné, et tomber amoureux de la fille d’un châtelain. Défroqué, il tente de racheter ses fautes, profitant des indulgences distribuées par le pape, pour partir en croisade. » On pense au Fabrice de La Chartreuse de Parme. L’auteur, lui, évoque Umberto Eco, auteur du Nom de la rose, et Ken Follett.
Jean-François Zimmermann est en pourparlers avec son éditeur, qui ne veut pas rééditer le livre :
« Il est indisponible depuis trois mois alors qu’il était prometteur. »
Peut-être va-t-il se tourner vers un autre éditeur. Son roman a déjà reçu le premier prix du Roman des arts et des lettres. Rééditera-til le succès de L’apothicaire de la rue de Grenelle (trois prix, cinq nominations) ?
PAR MÉLISSA CHALIGNE
lambersart@lavoixdunord.fr
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